En dépensant la moitié du budget de la défense américaine, les Européens n’ont qu’un dixième de leurs capacités militaires. Il n’est pas trop tard mais il est temps d’agir.
Une opinion de Jean Marsia, Domenico Rossetti di Valdalbero et Philippe Van Damme, pour l’Union des Fédéralistes Européens
Les récentes cyberattaques, l’invasion de l’Ukraine par la Russie et l’arrivée au pouvoir de Donald Trump incitent l’Union européenne et ses États membres à considérablement augmenter leurs budgets et leurs moyens de défense et de sécurité civile.
Mais la passation de marchés, le développement de capacités opérationnelles et la coordination des organismes nationaux en charge de la cybersécurité doivent s’européaniser. L’industrie européenne de la défense est sous-dimensionnée et organisée en fonction des États. L’UE dispose d’outils limités pour la production industrielle de matériel de défense, pour développer des systèmes de surveillance réseau, pour protéger les infrastructures critiques et pour encourager la recherche et l’innovation en commun et pour promouvoir la passation conjointe de marchés.
Le plan Rearm Europe présenté par la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, vise à adapter les critères de convergence budgétaire européens afin de permettre aux États membres d’emprunter quelque 650 milliards d’euros. Le plan propose en outre que l’UE emprunte 150 milliards d’euros qui pourraient être mis à la disposition des États. Ce plan n’envisage pas de procéder via une autorité européenne pour les achats d’armements comme cela avait été le cas pour les vaccins durant la crise du Covid. Ce sont les États membres qui garderaient la maîtrise de la passation des marchés publics. Le Commissaire européen Andrius Kubilius avait pointé le besoin d’accélérer et de dépasser l’incrémental, de générer des économies d’échelle et de donner à l’industrie les moyens d’accroître sa production.
Federica Mogherini, the former High Representative of the European Union, recently participated in a debate on the European Union’s role in the global landscape. She emphasized that the EU is a major player on the world stage, and its unique blend of soft and hard power makes it an influential actor.
The event took place in the frame of the UEF.be general assembly on 7 June 2025 at the College of Europe which is not just an academic institution. Its mission is to contribute to European integration, making it unique among universities worldwide. Welcoming guests and holding debates in their auditorium continues the tradition of open discussion and critical thought.
According to Mogherini, the EU’s power stems from its large internal market, regulatory capabilities, and strategic position in global affairs. She highlighted the EU’s ability to set standards and norms, which are often adopted by other countries. Mogherini also noted that the EU’s soft power, including its cultural and educational influence, is increasingly recognized worldwide.
Mogherini acknowledged that the EU faces internal and external challenges, including competitiveness, migration, and security concerns. However, she argued that the EU has the instruments to address these challenges and find solutions. She emphasized the importance of creativity, flexibility, and a willingness to work together to achieve common goals.
One of the key strengths of the EU, according to Mogherini, is its ability to balance different interests and find common ground among its member states. She noted that the EU’s complexity can be an asset in understanding and interacting with external partners, and that the EU’s decision-making process, although complex, is a guarantee that many voices are heard, and decisions are stable and reliable.
During the debate, Mogherini was asked about the EU’s biggest power. She replied that the EU’s largest power is its internal market, which gives it significant regulatory and economic influence. She also mentioned the EU’s soft power and its ability to play a strategic role in global affairs.
A member of the audience asked Mogherini about the EU’s ability to make decisions quickly and effectively. Mogherini replied that while the EU’s decision-making process can be complex, it is also a guarantee that many voices are heard, and decisions are stable and reliable. She emphasized that the EU’s complexity can be an asset in understanding and interacting with external partners.
Finally, Mogherini was asked about the place of the European human in the future world. The questioner expressed concerns about the EU’s competitiveness, particularly in the fields of science, technology, and economics. Mogherini acknowledged these concerns but emphasized the EU’s strengths, including its highly developed education system, research capabilities, and commitment to innovation.
Conclusion: Europe’s Role in a Changing World
The European Union faces a world where the rules-based order is under threat. Yet, Europe has unique strengths—its market, its values, its capacity for consensus, and its influence on global standards. The EU’s complexity can be an asset, ensuring stable and inclusive decisions.
Europe must continue to invest in its people, its institutions, and its capacity for innovation. By doing so, it can remain a key player in shaping a more cooperative and stable world.
About the Speaker: Federica Mogherini
Federica Mogherini served as the High Representative of the European Union for Foreign Affairs and Security Policy from 2014 to 2019. She is currently the Rector of the College of Europe.
Acknowledgement
This article is based on a debate and Q&A session with Federica Mogherini at the College of Europe.
About the Author: Lucian Alexandru Onisei, UEF Belgium
The Union of European Federalists proposes a Common European Defence
As war rages on European eastern borders and transatlantic alliance is in danger, the Union of European Federalists releases a proposal for a Common European Defence System (EDS), in view of the upcoming meeting of the European Council on 6th March, the Plenary of the European Parliament of 10th March, and the publication of the White Paper on Defence on 19th March, 2025.
The EDS consists of the national armies of the Member States and a 28th European Army, coordinated in a common structure. The EDS would be compatible with NATO and could serve as its European Pillar.
The proposal calls for :
Massive joint defence investment, procurement, and research, as Russia’s military expenditure, calculated in purchasing power parity, has surpassed Europe’s combined defence spending last year
Extension of Common Security and Defence Policy missions to territorial defence and security in our immediate neighborhood
A Rapid Deployment Capacity of 60.000 soldiers, becoming a 28th European Army, complementary to the 27 national armies in charge of territorial defence
Europeanisation of French nuclear capabilities with shared financing from willing EU member states.
* Domenico Rossetti Di Valdalbero Secrétaire général de L’Union des fédéralistes européens
Le temps n’est plus à la coopération internationale, mais aux rapports de force entre puissances. Il s’agit désormais de garantir notre survie face à la soif d’expansion de la Chine, de la Russie et des États-Unis.
Un nouvel empire inattendu se profile à l’ouest de l’Europe.
Donald Trump a confirmé son ambition d’être un « président impérial ». Il a notamment indiqué qu’il ne refuserait pas d’utiliser la force pour annexer le canal du Panama ou le
Groenland et a réitéré son désir d’intégrer le Canada aux États-Unis. Plus symboliquement, il a proposé de renommer le « Golfe du Mexique » en « Golfe d’Amérique.» Ceci constitue un tournant.
Loin d’être isolationnistes, les États-Unis de Trump amorcent un dangereux tournant à vocation impérialiste.
Parallèlement, Elon Musk, depuis quelques mois son allié, multiplie les prises de position politiques offusquâtes dans les affaires internes des démocraties européennes. Avec les algorithmes de son réseau social, il nous enferme vicieusement dans nos certitudes. Il apporte officiellement son soutien à Reform UK au Royaume-Uni, l’héritier du parti pro-Brexit de Nigel Farage, qu’il souhaite financer à hauteur de 100 millions de dollars. Il fait de même avec Alternative für Deutschland (AfD) en Allemagne, en participant à un « débat » avec sa dirigeante sur son réseau social afin de lui offrir une exposition médiatique mondiale, alors que les médias allemands maintiennent le cordon sanitaire. Rappelons que ces partis sont ouvertement anti UE, qu’ils sont sympathisants de Poutine et que l’AfD possède une proximité inquiétante avec le passé et l’idéologie nazis.
Durant sa conférence du 6 janvier, Trump a confirmé sa complaisance envers le régime de Vladimir Poutine. Ils adhèrent tous les deux à la politique de zones d’influence, voire d’espace vital, avec le Groenland pour le premier et l’Ukraine pour le second. Ceci renforce l’idée terrifiante que l’Europe est désormais prise dans un étau. En effet, l’Europe subit, depuis des années des tentatives de déstabilisation étrangères tant internes qu’externes orchestrées par la Chine et la Russie. À cela s’ajoute désormais une nouvelle menace provenant d’un État historiquement allié, qui s’inscrit dans un contexte déjà marqué par des ingérences russes répétées, telles que celles dans les élections roumaines et les sabotages de câbles de communication en mer Baltique fragilisant nos intérêts.
L’Europe est désormais cernée par des empires renaissants dépourvus de toute considération pour les Européens, dirigés par des hommes autoritaires animés par une soif insatiable de puissance et d’expansion.
Dans ce contexte, nous avons besoin d’un sursaut, un véritable saut en avant dans l’intégration européenne comme plaidé dans les rapports d’Enrico Letta, Mario Draghi et Sauli Niinistö, une action offensive. Il est désormais plus urgent que jamais de fédérer l’Europe et tous les pays européens qui le souhaitent dans une fédération solide capable de garantir la démocratie en son sein et de préserver son intégrité et son indépendance face à cette « internationale impériale» qui représente près de 2 milliards d’individus et un PIB annuel proche de 50.000 milliards d’euros, soit plus de deux fois et demie le PIB de l’UE.
Une question de survie
Que se passera-t-il demain si Trump passe des paroles aux actes ? Les États de l’UE sont-ils prêts à envoyer des troupes défendre le Groenland, les pays baltes ? Où va-t-on laisser l’Europe être partitionnée comme trop de fois dans l’histoire ?
Comme le disait Paul-Henri Spaak dans les années cinquante, «il n’y a plus que des petits pays en Europe, mais certains ne le savent pas ». Les États européens risquent d’être laminés s’ils restent désunis. En revanche, ensemble, nous sommes capables de défendre ce qui nous est le plus cher : la liberté, la solidarité, la paix, le respect des minorités, la coopération entre nos citoyens et nos États. Il ne s’agit plus seulement d’améliorer le fonctionnement de l’UE, de la rendre plus démocratique, d’assurer prospérité et bien-être à notre continent. Il s’agit désormais, aussi, de garantir notre survie face à des empires dont la marche en avant ne cessera que si nous nous unissons. Si nous ne prenons pas dès aujourd’hui la route de la démocratie fédérale, d’une véritable constitution européenne vers les États-Unis d’Europe, nous risquons de sombrer collectivement dans une époque sombre, où ces nouveaux empires joueront de notre division. Une période imprévisible dont l’histoire nous enseigne qu’elle peut finir très mal. Le processus de fédéralisation, d’union et de construction d’une défense européenne est notre ultime dissuasion contre ces empires. Il prendra nécessairement du temps. Or, ce temps sera mis à profit par nos opposants internes (les partis d’extrême droite et d’extrême gauche) et externes, pour avancer leurs pions à nos dépens.
Le principe de réalité nous amène à penser que le temps n’est malheureusement plus à la coopération internationale, mais aux rapports de force entre puissances. L’Europe doit prendre acte de cette nouvelle donne géopolitique. L’Europe doit changer de logiciel. Prise en étau, l’Europe sera unie, fédérale, ou elle ne sera plus.
* Article cosigné par d’autres membres de l’UEF.be:
François Mennerat | Jean Marsia | Philippe van Damme | Marcel Vanden Clooster | Francisco Vigalondo | Michele Ciavarini Azzi | Lucian Alexandru Onisei | Giovanni Merlini
Les députés du Tiers-État, c’est-à-dire de la Bourgeoisie et du Peuple, aux États généraux du Royaume de France, étaient restés, contre leur gré, à l’écart des autres députés, ceux de la Noblesse et du Clergé, dont un certain nombre les avaient cependant rejoints. Le 20 juin 1789, il leur est subitement interdit de se réunir. Avec rancoeur, mais non sans détermination, ils se réunissent alors quand même dans une salle dédiée à un jeu de balle en vogue. Ils y jurent « de ne jamais se séparer et de se rassembler partout où les circonstances l’exigeront, jusqu’au jour où la constitution du royaume sera établie et affermie sur des fondements solides ».
Ce fut là le véritable premier acte, pacifique et responsable, de ce qu’on appelle la « Révolution » française et, assurément, le premier pas vers l’avènement de la démocratie sur le continent européen.
Récemment élus, les représentants légitimes du Peuple européen, dépositaires de sa souveraineté intrinsèque, devraient s’imprégner de la lucidité et de la détermination de leurs modèles d’il y a 235 ans. Ils doivent imposer solennellement un remaniement en profondeur des institutions européennes afin de permettre l’avènement définitif de la démocratie à ce niveau. Eux seuls peuvent libérer celles-ci de la tutelle indue des gouvernements des États membres qui continuent de s’interposer en se prétendant les seuls interprètes légitimes du bien commun.
Afin d’établir enfin à cet effet un gouvernement européen démocratiquement légitime, contrôlé par un Parlement bicaméral, il leur revient d’élaborer au plus tôt une authentique constitution européenne que les États membres qui l’accepteront soumettront ensuite au Peuple pour approbation.
Au cours des trois premiers mois de la Présidence belge du Conseil de l’Union européenne, une soixantaine de dossiers ont été finalisés. Et il y en aura d’autres d’ici la fin juin. Mais l’aspect le plus important de la présidence belge sera la formulation d’un agenda stratégique pour la période 2025-2029, soit la durée de la prochaine législature européenne issue des élections du Parlement européen du 9 juin.
En théorie, la formulation de cet agenda relève de la responsabilité du Premier ministre belge Alexander De Croo. La France et l’Allemagne voudront évidemment influencer cet agenda mais elles n’ont pas encore donné l’impulsion nécessaire sur la manière de rendre l’Union européenne efficace, décisive et plus légitime.
Deux scénarios sont possibles : l’intergouvernemental et le fédéral. Le premier est privilégié par la majorité des États membres de l’UE car ceux-ci gardent le contrôle au sein du Conseil européen. Mais l’unanimité prime et il est très peu probable d’envisager une réforme institutionnelle de l’UE.
L’avenir de l’Union européenne est soumis à de fortes pressions notamment en matière industrielle, de souveraineté et de défense. La Russie, via la guerre en Ukraine, et la Chine, à travers les Brics, multiplient les tentatives pour modifier à leur avantage les relations géopolitiques établies après la Seconde Guerre mondiale.
L’Union européenne n’a pas d’autre choix que de renforcer son fonctionnement à l’intérieur et à l’extérieur. Cela ne peut se faire que par la création d’un État européen. Le contexte international actuel exige un pouvoir exécutif fort, des prises de décision à l’échelle des enjeux et une préparation militaire considérablement accrue. L’apparence d’une bonne gouvernance européenne est maintenue par les chefs d’Etat et de gouvernement. Pendant ce temps, l’UE est au pied du mur. Elle risque sinon un assujettissement, en tout cas un risque de marginalisation sur la scène mondiale où elle ne deviendrait plus que l’appendice de l’Asie.
Les Fédéralistes européens proposent un scénario d’avenir. Il s’agirait de transformer l’UE en un État européen légitimé et démocratique, capable de décider en toute indépendance. Cela permettrait d’atteindre deux objectifs : capacité de décision et efficacité des mesures.
Dans cette formule politique, l’intérêt général européen est doté d’un contenu adapté qui lui permet d’agir et de se faire entendre sur le plan géopolitique. Cette nouvelle entité étatique renforcerait la conscience collective d’un destin commun et d’une identité européenne partagée. Cette Europe fédérale maintiendrait cependant le caractère spécifique de chaque Etat membre, ses histoires glorieuses et ses langues.
La formulation d’une constitution fédérale pour l’UE devrait être entamée aussitôt que possible. Nous souhaitons à cet égard que le Parlement européen actuel s’auto-proclame constituant pour la prochaine législature. Élu au suffrage universel, le Parlement est l’organe démocratique par excellence.
La transition vers un État fédéral européen n’est pas un processus automatique, bien au contraire. Il s’agit d’une démarche délibérée dont la légitimité ne peut être contestée ultérieurement.
Cette alternative fédéraliste fait preuve de réalisme à la lueur de l’histoire des grandes constitutions.
Que peut faire un État fédéral européen que le système intergouvernemental actuel ne permet pas ? Tout simplement créer un ordre juridique démocratique dans lequel les relations entre les pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire s’alignent harmonieusement de sorte que les forces centrifuges et centripètes s’équilibrent mutuellement.
Le système intergouvernemental attribue la capacité de changer les relations institutionnelles européennes exclusivement au Conseil européen. Alors que seul le système fédéral est capable de relever avec vigueur les défis actuels et ne repousse pas les problèmes urgents.
Les hommes politiques de premier plan exhortent les citoyens à participer aux élections européennes de juin 2024. La démocratie en a besoin. Bel et bien, mais les partis politiques ne présentent pas de vrais programmes européens. Comment maintenir cette contradiction ? Pourquoi donner un mandat pour une législature entière et ne pas savoir sur base de quel programme ?
Pourquoi les gens ne choisiraient-ils pas lors des élections européennes les candidats mandataires politiques qui défendent la formulation d’une constitution européenne et soutiennent la création d’un État européen ? Ce serait, sans aucun doute, un acte visionnaire pour l’avenir de l’Europe.
Robert Verschooten et Domenico Rossetti di Valdalbero, respectivement Conseiller politique et Secrétaire général de l’Union des Fédéralistes Européens (https://uef-belgium.be/)
by prof. Marc De Vos (UGhent) – Publisher: Ertsberg, 2023.
A short summary made by Robert Verschooten, political advisor to the Union of European Federalists (UEF-Belgium) – 12/2/2024.
Book’s resumé and convergence with UEF views
I read this book with great interest and have summarized it below. The book is richly illustrated with examples that support the reasoning, but did not get a place in this resumé. The author follows a consistent federal reasoning. Three relevant lines of tension are clearly and comprehensively explained. The logic of that reasoning is complementary to UEF.be’s reasoning. Points of difference and similarity are indicated below.
The author is an example of an elite that is able to spread this logic widely and convincingly. That elite of editorialists should be actively sought out and preferably involved in UEF action (Belgium and fellow travellers). To my knowledge, this book is only available in Dutch. This book, because of its three original and innovative theses, would best also be available in English in order to give it international recognition. I will enquire and I would personally label this book as a ‘must read’.
Points of difference and convergence between prof. De Vos’ reasoning and UEF.be’ reasoning:
De Vos reasoning and main themes:
Three lines in the European Union can be acknowledged. The EU is becoming a closed geostrategical project instead of an open country; a superpower project instead of a post-modern peace project; a State project instead of a free-market one.
End goal: a (renewed) democratic, legitimized and federal state with a superpower strategy
with institutionalized rules of functioning.
For enlargement with very diverse candidates, he promotes gradual integration. UEF.be
reverts to concentric circles.
UEF.be reasoning and main themes:
EU legitimized by a federal constitution (European Parliament mandated to formulate it).
Goal: renewed democracy and legitimacy with citizen participation.
Means: federalism as a governance system.
UEF.be promotes a two-speed integration with different political ambitions.
A system to formulate the objectives of a renewed federal union.
Extracts (translated in English from the Dutch version of the book by Robert Verschooten)
The world order has tilted, so has the mission and position of the European Union. (…) In this book I document a real revolution of the European Union. We witness, in real time, but largely unnoticed in public opinion, the European Union is undergoing a historic transformation. (p.14)
Attribué à Jacques Louis David (1748-1825). “Le Serment du Jeu de Paume, le 20 juin 1789”. Huile sur toile. Paris, musée Carnavalet.
Pour des élections européennes de 2024 plus démocratiques
Une action commune en vue des élections au Parlement européen de 2024 s’impose pour rendre l’Europe plus forte, plus unie et plus démocratique, car en 73 ans, ni les Communautés, ni l’Union européenne (UE) n’ont donné le jour à la Fédération européenne annoncée le 9 mai 1950 par Robert Schuman. Les Européens pâtissent de l’absence de cette Fédération. Les États-nations et l’UE n’ont pu, depuis 2008, faire face aux crises financière, monétaire, migratoire, sanitaire et sécuritaire. Notre écosystème est en péril. La guerre fait rage en Ukraine, parce que l’Europe n’est pas une puissance dissuasive mais pacifique. Nous le payons économiquement et politiquement. Nous devons agir, d’urgence, pour rétablir la paix en Europe, pour redevenir souverains, autonomes, indépendants et respectés.
Un État européen démocratique, fédéral, requiert une constitution et non un traité. C’est évident depuis 1787 et la Convention de Philadelphie, car un traité est d’ordre externe à l’État et multilatéral, tandis qu’une constitution est un acte de droit public interne, unilatéral, qui vise à établir les droits fondamentaux des citoyens, les principes sur lesquels repose la légitimité du pouvoir politique et l’architecture générale des institutions. Une constitution est au sommet de la hiérarchie des normes étatiques.
C’est pourquoi Avenir de l’Europe, Associazione Mazziniana Italiana, Citoyen d’Europe M3E (Europe, éthique, équité), Europe Unie dans sa Diversité, Europa-Union – Kreis Heilbronn, l’Union des Européens fédéralistes (UEF) – Groupe Europe, UEF-Belgium, UEF in the Czech Republic, UEF-Luxembourg, la Société européenne de défense en Europe centrale et orientale (S€DCEE) et la Société européenne de défense AISBL (S€D), vous proposent de joindre vos forces aux nôtres pour concrétiser le présent manifeste. Celui-ci propose ce que devrait faire l’Europe fédérale pour les citoyens européens, le financement de ses politiques, la gouvernance fédérale et la méthode pour rendre le Parlement européen constituant et légitime.
Que ferait l’Europe fédérale pour les citoyens européens ?
Seule une Fédération européenne peut être efficace et efficiente en matière de sécurité extérieure, y compris la défense, de sécurité intérieure, face au terrorisme, de santé publique, face aux pandémies, de sécurité d’approvisionnement en énergie, de protection de l’environnement, de gestion des mouvements migratoires. Elle seule peut développer la culture européenne et garantir le maintien d’une économie sociale de marché. Elle seule peut veiller à l’avenir des nouvelles générations, par la promotion de l’innovation, le soutien à la recherche scientifique et technologique, la réindustrialisation et la maîtrise des technologies émergentes, dont l’intelligence artificielle, l’informatique quantique, les nouvelles solutions énergétiques, les technologies vertes.
Comment ces politiques seraient-elles financées ?
La Fédération européenne devra disposer de ressources propres, fondées sur une fiscalité innovante, égalitaire. Les multinationales, notamment celles du secteur numérique, ne doivent plus échapper à l’impôt. Cela permettrait de financer les politiques précitées et en outre de mener une politique budgétaire qui puisse conforter la politique monétaire menée avec succès par la Banque centrale européenne.
Comment la gouvernance fédérale se définirait-elle ?
Nous voulons un État européen démocratique, transparent, souverain, autonome, indépendant, respecté par ses alliés et par les autres puissances. Ni l’intégration au sein de l’UE, ni la coopération dans le cadre de l’OTAN n’ont pu établir un État européen capable de nous garantir la paix et la sécurité. L’histoire montre que les confédérations soit se transforment en fédérations, soit se dissolvent. Pour peser dans le monde, pour faire face aux menaces et aux défis actuels, il reste à l’Europe la voie de la fédération. L’Assemblée constituante choisira la dénomination de la fédération et définira les domaines de compétences, dans le respect du principe de subsidiarité, pour maintenir la souveraineté du peuple et l’équilibre entre la fédération et les pouvoirs nationaux et régionaux.
Comment le Parlement européen se déclarerait-il constituant ?
Pour fonder un État européen souverain et démocratique, uni dans sa diversité, donc fédéral, la méthode est connue depuis le 7 septembre 1787, à Philadelphie. Les délégués des États américains ont alors adopté la toute première constitution fédérale. Elle commence par les mots « We, the people » (Nous, le Peuple). Elle sépare les pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire. Le pouvoir législatif est bicaméral. La chambre basse est élue au suffrage direct, les citoyens de chaque État étant représentés proportionnellement à leur nombre. Au Sénat les États sont à égalité. De ces principes, l’Europe peut s’inspirer, pour nous maintenir en paix et en sécurité, pour garantir nos libertés et nos droits fondamentaux, pour retrouver la place qui lui revient sur la scène internationale eu égard à sa puissance économique et à la civilisation européenne !
Comment le Parlement européen pourrait-il améliorer sa légitimité ?
De préférence avant les élections de 2024, le Parlement européen devrait adopter une loi électorale fixant notamment l’âge auquel tout citoyen européen acquiert le droit de vote, ainsi que le seuil électoral, la manière de voter et un critère assurant une représentation suffisamment égalitaire, démocratique, des citoyens.
The deputies of the Third Estate, i. e. the Bourgeoisie and the People, to the States-General of the Kingdom of France, had remained, against their will, apart from the other deputies, those of the Nobility and the Clergy, a certain number of whom had nevertheless joined them. On 20 June 1789, they were suddenly forbidden to meet. With resentment, but not without determination, they met anyway in a room dedicated to a popular ball game. In it, they swore “never to separate and to meet wherever circumstances require it, until the day when the constitution of the kingdom is established and consolidated on solid foundations”.
This was the truly first peaceful and responsible act of what is known as the French “Revolution” and, certainly, the first step towards the advent of democracy on the European continent.
Recently elected, the legitimate representatives of the European people, custodians of its intrinsic sovereignty, should imbue themselves with the lucidity and determination of their models of 235 years ago. They must solemnly impose a thorough overhaul of the European institutions to allow the definitive advent of democracy at this level. Only they can free these institutions from the undue tutelage of the governments of the Member States, which continue to interfere by claiming to be the only legitimate interpreters of the common good.
To establish at last a democratically legitimate European government, controlled by a bicameral Parliament, it is up to them to draw up a genuine European constitution as soon as possible, which the Member States that accept it will then submit to the People for approval.